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Démineurs — 8/10

2008-10-10 — 131mn — United States of America

Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie, alors que la situation locale est encore... explosive.

Affiche du film "Démineurs"

Démineurs est un film de guerre peu commun, annonçant en guise d’introduction «la guerre est une drogue». Il se distingue en effet des autres films du genre par le fait qu’il suit le quotidien d’une équipe de déminage, dont le leader est particulièrement fier. Celui-ci voue une véritable addiction à l’adrénaline, au risque ; Kathryn Bigelow soulève ainsi le problème de ces jeunes volontaires, qui s’engagent davantage encore pour fuir leur quotidien morose que par patriotisme. Car il n’est point question de politique dans ce film – chose rare dans une œuvre traitant de la guerre en Irak – et malgré ses différents exploits, le lieutenant James est loin d’être un héros dans son pays. Bien loin de la glorification d’un Rambo, le soldat est montré ici dans son travail, de façon bien plus réaliste. Et pour ce qui est de mettre en scène cette routine bien peu ordinaire, la réalisatrice excelle. Démineurs est saisissant à chaque scène d’action, chaque séquence de déminage devenant un duel au suspense insoutenable, entre l’homme et la bombe. Le moindre faux mouvement et c’est le drame assuré. La mise en scène est simple, sans effets spéciaux superflus ni musique oppressante ; l’intensité de l’action se suffit souvent à elle-même, au point même de frustrer le spectateur lorsqu’il n’a pas son explosion finale. La tension retombe alors, mais pour une courte durée : il faudra sans doute recommencer très bientôt, la répétition des gestes ne devant entamer en rien la concentration nécessaire à la manipulation de la bombe. Cette redondance n’altère en tout cas pas le coté extraordinaire de la chose, et le stress est bien présent dans chaque scène. Bigelow filme pour cela ses personnages au plus près, provoquant une immersion du spectateur dans les moments de tension. Les vues à travers les lunettes des fusils, cette vision trouble des irakiens regardant la scène sans que l’on sache s’ils espèrent un désamorçage ou s’ils ont un détonateur en main, sont d’ailleurs remarquables. Enfin, lorsque l’on sort du schéma « classique » du déminage, c’est pour admirer une scène somptueuse entre soldats américains et rebelles planqués dans un bâtiment situé à près d’un kilomètre. La bataille de snipers qui en découle est sans doute la plus belle scène du film, et brille encore une fois par sa restriction au strict minimum : chaque coup de feu (au mieux un à la minute) est important parce qu’il peut donner la mort et donc faire prendre à ce duel un vrai tournant. La mise en scène est épurée, magnifique. Le temps ne compte plus, les soldats restent de longues heures – c’est pourtant déjà éprouvant pour le public qui reste scotché quelques minutes en attendant chaque appui sur la gâchette. Original et parfaitement maîtrisé, ce film à couper le souffle profite ainsi de l’actualité pour réussir le tour de force d’apporter un peu de renouveau à ce genre pourtant si souvent exploité.

The Hurt Locker
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