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Django Unchained — 9/10

2012-12-25 — 165mn — United States of America

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves… Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…

Affiche du film "Django Unchained"

Django Unchained, un Inglourious Basterds amélioré ? En tout cas, les deux derniers Tarantino ont quelques points communs… Pour remplacer la maison de campagne et cette magnifique scène qui introduisait le film de guerre, place à une forêt plus sombre, mais toujours avec beaucoup de tension. Une bien jolie façon de présenter le duo de choc : Dr. King Schultz & Django. Comme dans la référence sus citée, on est plongés dans une atmosphère rendue pesante par le contexte historique, l’esclavagisme remplaçant ici le nazisme. C’est à nouveau un pari risqué, surtout pour un réalisateur qui fait des films toujours teintés d’humour ; mais Tarantino le fait avec un ton irrévérencieux, et un second degré qui peut s’adapter à des thèmes aussi délicats. En l’occurrence, Django Unchained est bourré de passages très durs sur la traite des esclaves ; mais la force du réalisateur, c’est d’arriver à construire un vrai scénario autour, et surtout de faire rire comme il en l’habitude. Par exemple après avoir raillé Hitler, il propose une scène très amusante dans laquelle se ridiculise une organisation rappelant le KKK qui fut créé quelques années plus tard. On peut se réjouir aussi que les quelques effets superflus qui encombraient parfois son dernier film aient presque disparu. QT se paie bien un délire avec un caméo, juste pour le plaisir de se faire exploser ; mais l’ensemble reste un peu plus sobre. Inglourious Basterds marquait la première collaboration du réalisateur et de Brad Pitt, acteur qui n’avait alors pas hésité à s’éloigner de ses rôles de beau gosse. Le parallèle se fait ici avec Leonardo DiCaprio qui pour sa première avec Tarantino livre une prestation terrifiante en riche propriétaire, exploitant sans pitié bon nombre d’esclaves. On retrouve par ailleurs Christoph Waltz, déjà présent dans le long métrage précédent. Point commun malheureux enfin, les rôles féminins qui passent franchement au second plan. Le personnage de Mélanie Laurent n’avait pas spécialement marqué les esprits ; dans Django Unchained la place faite aux femmes est encore moindre – mais c’est certes justifié par l’époque. Et cette fois la trame de fond est une quête amoureuse, c’est déjà ça. Django Unchained, western moderne sur fond d’esclavage, est découpé en trois parties. La première introduit donc le duo King Schultz & Django, avec l’émancipation du second nommé. Christoph Waltz (Dr. King Schultz) est à nouveau parfait dans ce rôle volubile qu’apprécie tant le réalisateur, friand de ces séquences de dialogues interminables. L’acteur polyglotte fait à nouveau preuve de tout son talent en anglais, en allemand et même un peu en français. Il est clairement le personnage se rapprochant le plus de la personnalité de son metteur en scène, en multipliant le « bla bla » cynique en tant que fin négociateur sûr de lui ; et n’hésitant pas à user de la violence si nécessaire. On regrette tout juste une transition un peu brusque, avec notamment un rapport de force qui s’inverse un peu trop rapidement entre King Schultz & Django. La seconde partie fait elle la part belle aux discussions engagées avec en plus le personnage joué par Di Caprio. Si les longues scènes de dialogues sont l’une des marques de fabrique de Tarantino, ceux de Django Unchained sont moins décalés que d’habitude. Le fait qu’il fasse autant durer ces négociations est tout de même un très bon point, tant les scènes sont soignées, et les dialogues pleins d’ironie et d’hypocrisie. De même, on a ici un scénario très linéaire, loin des histoires entremêlées d’un Pulp Fiction par exemple. Sans doute la longueur du film a-t-elle incité QT à ne pas complexifier davantage son film. De très bonnes idées ponctuant déjà une histoire bien ficelée, on ne s’en plaindra pas. C’est aussi durant cette tranche du film que le spectateur découvre le superbe personnage de Stephen, interprété par Samuel L. Jackson qui trouve là un rôle surprenant, complétant à merveille le casting quatre étoiles. Vient enfin la conclusion, avec la fin de la quête de Django. Sans en dévoiler trop, Django Unchained possède bien son énorme tuerie fun et sanglante qu’affectionne généralement son réalisateur. Pour achever la comparaison avec son œuvre précédente, disons simplement que la fin n’est peut-être pas à la hauteur de celle d’Inglourious Basterds. Mais le film dans son ensemble est l’un des meilleurs de son auteur, fort bien mis en scène avec ses nombreux plans très impressionnants, écrit de façon intelligente et porté par d’excellents acteurs. Le tout avec une super B.O. ! Ce genre, le western, fondé autant sur l’intimidation que sur la violence ; et ce thème historique difficile, permettant un contraste appuyé avec le second degré prisé par Tarantino, lui donnent vraiment la chance d’exprimer toutes ses qualités. Génial.

Django Unchained
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CatastropheTrop nazePas bonBof bofCorrectSympaBon filmTrès bonExcellentChef-d’œuvre (1 note(s). Moyenne : 9,00 sur 10)
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