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Drive — 9/10

2011-08-06 — 100mn — United States of America

Un jeune homme solitaire, « The Driver », conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant - et au volant, il est le meilleur ! Shannon, le manager qui lui décroche tous ses contrats, propose à Bernie Rose, un malfrat notoire, d’investir dans un véhicule pour que son poulain puisse affronter les circuits de stock-car professionnels. Celui-ci accepte mais impose son associé, Nino, dans le projet. C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal…

Affiche du film "Drive"

Drive est un film sur un héros taciturne, cascadeur le jour et chauffeur complice de malfrats la nuit. La trame est classique : une scène d’introduction montre d’abord son mode de fonctionnement. Puis suite à l’arrivée d’une jolie voisine dont il va tomber amoureux, une nouvelle mission va lui être proposée et se révéler plus délicate et riche en rebondissements. Du grand classique, en somme. Oui mais voilà, aux commandes de ce Drive il y a le cinéaste danois Nicolas Winding Refn, et cela change tout. On voit par exemple du rose dans le générique d’un film noir : dès le début, le spectateur est pris à contre-pied. La première scène confirme en montrant le style du réalisateur : la course-poursuite est peu commune, faisant la part belle aux silences pour mieux sublimer les images. L’attente fait partie du job du chauffeur, qui ne participe pas au casse directement, ce qui amène un suspense terrible. Puis vient finalement la séquence du transport, redoutablement efficace mais aussi précise : comme annoncé dans le contrat proposé par le Driver, elle dure exactement 5 minutes. 5 minutes très intenses. Drive n’est pourtant pas vraiment un film d’action malgré ses apparences. S’il comprend quelques courses-poursuites et autres règlements de compte, il n’y a par exemple aucune explosion ou autre effet de ce genre. Nicolas Winding Refn n’en a pas besoin pour scotcher le spectateur à son siège. Malgré une lenteur apparente, le film ne laisse que peu de répit à son public tant le suspense est présent. Au contraire, chaque scène possède une force inouïe, souvent due à une rapidité d’exécution, à une violence choquante, et surtout à une réalisation magistrale faisant de chaque plan un modèle du genre. Et si l’on souffre autant, c’est aussi dû à l’attachement au personnage principal, qui n’a pas a priori le charisme d’un héros habituel, avec son physique de minot. Ryan Gosling est pourtant impeccable dans ce rôle, sa gueule d’ange convenant à merveille pour camper ce véritable ange gardien – il n’a d’ailleurs même pas de nom dans le film, comme s’il dépassait le statut d’humain – qui viendra au secours de la belle Irene (Carey Mulligan). Le mari de cette dernière, un ex-taulard de retour auprès de sa femme, vient également briser les clichés. Enfin, les rôles secondaires, à commencer par l’inimitable Ron Perlman, sont à la hauteur, et tous construits avec une habileté peu commune. Chacun d’entre eux a été réfléchi, possède une réelle histoire, et cela se ressent dans les différentes atmosphères mises en place. Le cascadeur, dont on ne sait rien, évolue la plupart du temps dans des endroits sombres. La couleur vient du personnage d’Irene, sauf lorsqu’elle est enfermée à son domicile avec son mari et son enfant. Les moments de calme ne sont pas légion, mais ils sont tout autant mis en valeur – comme avec ce grand angle flashy au supermarché – que les scènes d’actions, très noires, où le sang jaillit souvent avec une extrême violence. Le film est d’une beauté rare donc et – toujours pour jouer sur les contrastes – les images sont rythmées par une musique très pop 80s. En point d’orgue, impossible de ne pas citer cette scène dans un ascenseur, où le temps s’étire par l’utilisation du ralenti. Le Driver décale sa belle dans la lumière, l’embrasse, la protège. Et dans une fraction de seconde, la tendresse laisse place à la barbarie. Le prix de la mise en scène à Cannes ne pouvait pas être mieux attribué. Ce héros silencieux au sacrifice touchant, cette volonté de détourner les codes du genre, cette B.O. excellente, et cette direction admirable en tous points : les ingrédients du chef-d’œuvre sont tous réunis dans ce Drive.

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CatastropheTrop nazePas bonBof bofCorrectSympaBon filmTrès bonExcellentChef-d’œuvre (film non noté)
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